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Accompagner vers l’emploi les personnes qui en sont très éloignées, c’est la mission des PLIE

L’association Aurore est prestataire de service pour le Plan Local pour l’Insertion et l’Emploi (PLIE) de Paris dans les 13ème, 18ème et 20ème arrondissements. Quatre référentes PLIE, Andréa, Agathe, Dominique et Karine, sont ainsi chargées de l’accompagnement individualisé et renforcé de personnes qui sont très éloignées de l’emploi. Rencontre avec Andréa UNN TOC, référente du PLIE 13.

Depuis son plus jeune âge, Andréa a toujours été consciente des inégalités face à l’éducation et aux opportunités de la vie. Cela lui a donné envie de devenir psychologue et notamment d’interroger les dynamiques psycho-sociales qui jouent sur la construction de l’identité d’un individu aussi bien d’un point de vue personnel que professionnel. Elle est ainsi devenue psychologue du travail.

Depuis maintenant 5 ans, elle examine les questions d’orientation et d’accompagnement des adultes. Elle a d’abord travaillé en cabinet de conseil où elle réalisait des bilans de compétences, accompagnait à la VAE et sur des bilans jeunes. Mais cela concernait majoritairement des personnes déjà en poste, sans réelle difficulté d’intégration. Elle a alors eu envie d’accompagner un public plus éloigné de l’emploi.

Andréa a rejoint le Plan local pour l’insertion et l’emploi en avril 2020 où elle est référente PLIE dans le 13ème arrondissement, au sein de l’association Aurore.

 

Un accompagnement adapté qui tente de répondre à de nombreuses problématiques

Le PLIE est un dispositif spécifique dont l’objectif est d’accompagner vers et dans l’emploi les personnes qui en sont très éloignées. L’objectif est de parvenir, pour les personnes accompagnées, à l’obtention d’un emploi stable (CDD de plus de 6 mois ou CDI) avec un contrat de minimum de 24h/semaine. Pour atteindre ce but, les personnes sont accompagnées pendant 24 mois par les équipes du PLIE.

« Ce qui est intéressant avec ce dispositif c’est qu’on peut s’adapter autant que possible aux besoins de la personne mais il est toujours délicat de concilier la réalité de la personne en recherche d’emploi avec le temps accordé. Comment faire en sorte d’aboutir à l’objectif final ? » nous confie Andréa.

D’autant plus que les personnes qui sont suivies par le PLIE rencontrent souvent plusieurs problématiques : professionnelle mais aussi sociale. Certaines personnes doivent par exemple trouver un emploi très rapidement pour débloquer une problématique sociale. Comment faire coïncider la recherche d’un emploi stable tout en étant dans une situation d’urgence ?

Le travail mené repose donc avant tout sur l’équipe composée par la référente PLIE et la personne accompagnée afin de mettre en place un plan d’actions qui mène à une sortie positive, de trouver du sens tout en restant réaliste. Ce travail d’équipe est complété par les partenariats avec les structures sociales tels que les services sociaux de proximité, des éducateurs spécialisés et des assistantes sociales d’autres associations…

En effet, le suivi social est nécessairement assuré par une autre structure car le PLIE n’a pas cette compétence : sa fonction est l’accompagnement professionnel. Mais sans suivi social, il est impossible d’avancer vers un emploi.

Andréa a la chance d’être dans les mêmes locaux que PRISM donc « pour quelques questions ponctuelles, je peux m’appuyer sur mes collègues de PRISM qui répondent toujours volontiers ».

 

Un accompagnement en plusieurs phases

Tout commence par la phase d’accueil où la référente PLIE explique le dispositif, demande quelles sont les attentes et les besoins de la personne. Il faut ainsi évaluer si ces besoins sont en accord avec ce que le PLIE peut proposer, si le programme peut convenir à la personne, si elle rentre dans les bons critères. Si ça « ne colle pas », les gens sont réorientés vers les structures adaptées.

Ensuite, il y a la phase d’élaboration du projet : si les besoins / attentes correspondent à l’accompagnement du PLIE, un projet est élaboré avec la personne ou, s’il existe déjà, celui-ci est validé. Cela consiste en des entretiens qui aident la personne à faire son cheminement et construire sa pensée sur ce qu’elle souhaite et peut faire. « Il faut faire en sorte que le projet mixe ce que la personne veut faire et ce qu’il est possible de faire, dans la réalité du marché de l’emploi et des formations disponibles » insiste Andréa.

Le projet est ensuite validé par des enquêtes métiers, des interviews avec des professionnels du secteur, des stages d’observation afin que la personne réalise concrètement ce dans quoi elle se lance, aussi bien le métier que la formation.

Le PLIE de Paris est porté par l’EPEC (Ensemble Paris Emploi Compétences) qui fait la relation avec les référentes PLIE dans les arrondissements. A l’EPEC, il y a 2 responsables projets PLIE qui développent les partenariats dans les arrondissements, avec les Pôle Emploi par exemple, les services sociaux de proximité, les centres maternels pour avoir des orientations et les transmettre directement au PLIE.

Un travail partenarial est également mené avec les structures de l’IAE (notamment chez Aurore, parfois) avec des commissions de suivi 2 fois / mois dans les chantiers d’insertion où des personnes sont suivies par le PLIE.

 

Des profils très diversifiés pour des projets variés

Le PLIE accompagne des personnes, hommes ou femmes, très éloignées de l’emploi mais les raisons qui ont abouti à cet éloignement peuvent être très diversifiées. La majorité des chômeurs de longue durée reçus au PLIE ont des problématiques de formation, de maîtrise du français… C’est le cas de 50% à 55% de la file active du PLIE 13 qui souffrent d’un niveau de qualification en dessous du baccalauréat. Mais d’autres personnes ont pu bénéficier de formations à l’étranger (parfois même à haut niveau) mais leur insertion en France a été longue, souvent à cause d’un parcours migratoire ou de problèmes administratifs, et il y a un « trou dans leur CV ».

 

Profil des personnes suivies par le PLIE 13

 

La réalité du marché de l’emploi est en effet difficile lorsqu’on a un parcours non linéaire ou lorsqu’on atteint un certain âge par exemple.

Afin de bien accompagner la personne dans son projet professionnel, les référentes du PLIE s’évertuent à ce qu’il soit réaliste et faisable. Elles construisent, avec la personne accompagnée, les étapes qui vont l’emmener vers son objectif. Par exemple comment devenir aide-soignant sans maîtriser le français à l’écrit ? Cela semble difficile mais il faut trouver les moyens d’avancer vers ce projet final.

Il faut donc trouver un juste milieu entre ce qui est réalisable, ce qui colle aux compétences (éventuellement après formation) d’une personne comme à l’état du marché de l’emploi. Chacun doit donc être à l’écoute de l’autre. C’est un projet qui se co-construit avec la référente PLIE :  le PLIE est le co-pilote mais c’est la personne accompagnée qui est au volant de son avenir.

« Il y a évidemment des métiers plus accessibles. Souvent les secteurs les plus porteurs sont le nettoyage, la garde d’enfants / petite enfance et la restauration. Mais nous sommes confrontés à tout genre de situation et de demande : topographie, santé, social, métiers de l’accueil…  Il n’y a pas un secteur dont on ne m’ait jamais parlé. » conclut Andréa.

 

Une activité fortement impactée par la crise sanitaire

Avec la crise de la Covid, les objectifs d’accompagnement fixés étaient plus difficilement atteignables. Les structures partenariales étaient pour la plupart fermées ou en télétravail, moins évidentes l’intégration et l’insertion des personnes. « 55 à 60% des personnes qui s’étaient tournées vers des secteurs, normalement porteurs, ont été au ralenti. Mais d’autres secteurs ont gardé leur dynamisme, voire plus notamment la santé (aide à domicile, maison de retraite…). Le marché du travail est difficile et a des codes très précis, des normes, des stéréotypes. Pour des personnes qui n’ont pas forcément le bon diplôme ou des périodes d’inactivité trop longues, l’impact a existé pendant la pandémie mais a également perduré en 2021. » indique Andréa.

Depuis juin-juillet, la reprise se fait sentir mais elle ne portera pas ses fruits avant 2022. Les emplois et les formations reprennent en présentiel, ce qui est nécessaire et positif pour ces personnes.

 

Quelques chiffres

30 entrées / an

File active d’environ 70/75 personnes dont 35 personnes en phase d’accueil.

18 sorties positives / an