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Dispositif pour les femmes victimes de violences pendant le confinement

Un exemple de la réactivité et de l’efficacité des services Aurore

En mars 2020, l’explosion de la crise sanitaire a poussé le gouvernement à décréter un confinement strict à l’échelle nationale. Cette mesure a isolé les foyers, et, en leur sein, les femmes et enfants victimes de violences. Ces derniers étaient alors contraints de vivre confinés avec leur bourreau. Pour pallier l’augmentation des violences familiales, l’association Aurore a mis en place un dispositif d’aide et d’hébergement d’urgence. Retour sur ce programme.

La grande réactivité d’Aurore face aux risques d’augmentation des violences conjugales et familiales

Dès l’annonce du premier confinement, la société civile et les pouvoirs publics ont craint une recrudescence des violences conjugales et familiales. Le confinement permettait aux agresseurs d’isoler facilement leurs victimes et d’exercer pleinement leur emprise sur elles. De plus, le système judiciaire et les dispositifs d’aide aux victimes étaient ralentis, voire arrêtés, par la crise sanitaire. Mais les instances publiques se sont rapidement mobilisées pour contrer l’isolement des victimes de violences. Elles ont alors fait appel à Aurore pour augmenter le nombre de places d’accueil d’urgence pour les personnes subissant des violences conjugales ou familiales. Au sein de l’association, Solibail et Louez Solidaire ont été chargés de mener à bien cette mission.

Ces services d’intermédiation locative avaient déjà pour cœur de métier la location d’appartements dans le but d’y mettre à l’abris des ménages en situation de grande précarité. Aussi, ils ont su se mobiliser rapidement avec les bailleurs Paris Habitat et RIVP (Régie Immobilière de la Ville de Paris) pour mettre à disposition 10 appartements pour des femmes et enfants, victimes de violences.

La coordination des parties prenantes, une clef du succès du dispositif

Dès le 30 mars 2020, la DASES (Direction de l'Action Sociale de l'Enfance et de la Santé) et la DLH (Direction du Logement et de l’Habitat) ont sollicité Aurore pour monter un dispositif d’accueil d’urgence des victimes de violences sur la période du confinement. Grâce à la mobilisation de Solibail, Louez Solidaire et des bailleurs sociaux, les 3 premiers appartements ont ouvert au 16 avril. Le service immobilier d’Aurore avait réussi à les meubler en un temps record (7 jours !) malgré les restrictions de déplacement dues au confinement.

En parallèle, la Ville de Paris, les services de Police et les instances judiciaires ont mis en place un dispositif permettant d’orienter les victimes de violences vers les équipes d’Aurore. Cette collaboration a permis la mise en garde à vue systématique de tous les auteurs de violences, pour 24h minimum. Ce laps de temps permettait aux familles de récupérer leurs affaires avant d’être mises à l’abri par les services Aurore. Leur suivi était ensuite effectué par des associations féministes partenaires : Elle’s Imagine’nt, HAFB (Halte Aide aux Femmes Battues) et LTDF (Libres Terres des Femmes). La fluidité du dispositif a été rendue possible par la forte coopération entre les parties prenantes du projet.

Une mobilisation adaptée aux enjeux des victimes de violences

Initialement, la Ville de Paris devait être le seul financeur de ce dispositif. Elle avait prévu un budget comprenant uniquement une aide d’urgence et des produits de première nécessité. La mobilisation de la Fondation Google par la direction communication, partenariats et culture, a considérablement amélioré les conditions d’accueil des familles. La Fondation a consenti un don permettant l’achat de produits d’hygiène féminine, de matériel de puériculture (chauffe-biberon, veilleuse, jeux) et de télévisions pour occuper les familles pendant le confinement. Cette aide a adouci les situations de mise à l’abri d’urgence et de confinement qui pouvaient peser sur le moral des personnes accueillies. Elle leur a permis de dépasser le choc d’arriver dans un logement inconnu, et de s’y sentir confortablement installées.

« L’équipement prévu à l’initiation du projet était minimal. L’aide de la Fondation Google a permis d’acheter du mobilier et du petit électroménager qui pouvaient sembler secondaires, comme les télévisions, mais essentiels pour le confort des familles accompagnées. On est passé d’un accueil d’urgence à un accueil doux et chaleureux. » indique Renaud Marcout, chef des services d'intermédiation locative

Afin d’accompagner les familles vers une solution de logement pérenne et de leur éviter tout risque de retomber sous l’emprise de leur agresseur, le dispositif a été maintenu jusqu’au mois de décembre 2020. Dans le même temps, la Ville de Paris leur a organisé des commissions d’attribution de logements. Ainsi, presque toutes les familles ont pu être relogées dans des habitations pérennes, identifiées par les bailleurs partenaires du dispositif. Seules quelques-unes d’entre elles ont été relogées dans des dispositifs Aurore car elles cumulaient d’autres difficultés. Au total, ce sont 11 femmes et 24 enfants qui ont bénéficié de ce dispositif d’urgence et ont pu reconstruire leur foyer sur des bases saines.