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Pas en notre nom !

TRIBUNE

La loi immigration est en débat depuis plus d’un an. Le débat public prend aujourd’hui une tournure qui ne peut qu’inquiéter les républicains.

Nous ne dénions pas au parlement le droit de décider de la politique d’immigration, et de déterminer celles et ceux qui ont le droit ou pas de séjour sur le territoire français, avec ses conséquences en matière de reconduites. Nous constatons depuis des années les difficultés que rencontrent les politiques publiques à appliquer les ambitions affichées en la matière par les responsables politiques, pour des raisons essentiellement diplomatiques, et qui conduisent à pointer l’hébergement d’urgence comme un poids, alors qu’il n’est que la conséquence d’une incapacité des responsables à assumer une politique claire au prétexte de la crainte de la montée des extrêmes.

Nous, association Aurore sommes réunis autour d’idées humanistes élémentaires découlant des principes de fraternité républicaine.

Nous trouvons inacceptable de laisser des personnes à la rue.

Nous croyons impossible de laisser les malades à la porte des hôpitaux au motif qu’ils sont étrangers.

Nous pensons urgent de sortir de l’hypocrisie qui tolère des sans-papiers dans des emplois que personne d’autre n’accepte, sans leur donner le droit de s’intégrer à travers leur régularisation.

Nous ne croyons pas que la concorde nationale sortira renforcée d’une stigmatisation des étrangers au moyen d’une comptabilisation et d’une communication quotidienne des reconduites. Au contraire, cela ne fait qu’attiser les peurs et rechercher des boucs-émissaires à bien d’autres maux de la société.

Nous sommes en désaccord avec l’aveuglement qui se cache derrière la notion d’appel d’air qui tétanise toute action publique au prétexte qu’elle risquerait de faire venir en France des étrangers qui, sans elle, n’en auraient pas l’idée. Les personnes que nous accueillons ne sont pas venues chez nous au péril de leur vie parce qu’il y avait tel ou tel droit, mais parce que tout les poussait à quitter leur pays. Personne ne s’exile par plaisir !

Nous demandons donc solennellement au Gouvernement et aux parlementaires de ne pas aller sur le terrain implicite de ce que dessine certaines versions du projet de loi immigration : ce n’est pas en rendant la vie impossible aux étrangers qui vivent en France que nous réglerons nos problèmes. Ce n’est pas en désignant les étrangers comme responsables des maux de notre société que nous retrouverons la fierté de vivre ensemble. Ce n’est pas en laissant les migrants dans les rues que nous remobiliserons notre modèle d’intégration.

Ce sujet mérite mieux qu’un jeu de calculs parlementaires. Derrière il y a des femmes, des hommes, des enfants. Des personnes qui sont nos frères et nos sœurs.

 

Pierre Coppey, Président d’Aurore

Jacques Toubon, ancien Défenseur des Droits