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Les partenaires européens du projet Grundtvig se sont rencontrés à Paris

Du 4 au 7 juin derniers a eu lieu à Paris la 2e rencontre transnationale des partenaires du projet Grundtvig « Rien pour nous sans nous ». Ce projet, qui a pour thème la participation citoyenne des personnes accueillies, a réuni à Paris les partenaires belges, suisses et grecs, accueillis par les associations ACV et Aurore. Retour sur ce moment d’échanges.  

Cette rencontre transnationale des partenaires européens a encore une fois été placée sous le signe du partage et de la convivialité. Le programme fut chargé durant ces 4 jours d’échanges autour de l'expression citoyenne des personnes accueillies. Les partenaires ont ainsi pu visiter plusieurs structures gérées par Aurore*.

Ces 4 jours ont également été l’occasion d'activités culturelles (visite des musées du Quai Branly et du Louvre, ateliers d'écriture slam) et de découverte, notamment le café solidaire d’Aurore qui ouvrira prochainement ses portes à Belleville. Le point d'orgue de cette rencontre a été la table ronde, qui a permis de croiser les compétences des partenaires européens et régionaux (la FNARS, le Mouvement Éducation populaire et Transformation sociale, Cultures du Cœur, l'UNAFAM, Advocacy et la BNF) sur leurs pratiques et leurs avancées quant au développement de la participation citoyenne des personnes accueillies.  

Nous avons interrogé les professionnels et les bénéficiaires venus de Grèce, de Belgique et de Suisse sur les différences de prise en charge des personnes atteintes de troubles psychiques, et sur ce que ces journées d’échange leur apportent sur un plan personnel et professionnel.  
 

Florian, accueilli par la Fondation Trajets de Genève

Que vous apportent les rencontres transnationales et le projet Grundtvig ?

Ces rencontres nous permettent de voir comment les associations accueillant des personnes présentant des difficultés psychologiques fonctionnent dans les autres pays. J’ai eu l’occasion de visiter LOGIS et la pension de famille Julien Lacroix, qui sont différentes de Trajets. Ici, les personnes accueillies sont suivies par du personnel médical. A Trajets, nous n’avons pas de médecins ni d’infirmières, et s’il y a un problème, il faut appeler le médecin de Genève. Mais nous avons des psychologues qui nous aident tous les jours.

Le projet Grundtvig m’aide aussi à aller vers les autres, à m’exprimer, moi qui ne me sens pas très à l’aise. Je me tourne davantage vers l’extérieur : à Genève, les gens dénigrent les personnes qui ont des troubles psychiques. Il y a encore du progrès à faire pour voir évoluer les mentalités. De plus, les échanges avec les partenaires et les usagers d’autres pays nous donnent des idées pour améliorer ce qu’on fait à Trajets.  
 

Sotiris et Dasos, usagers, et Kosta, professionnel de Pepsaee en Grèce

Que vous apportent les rencontres transnationales Grundtvig ?

Sotiris : Cela nous donne l’occasion d’apprendre auprès de personnes ayant les mêmes problèmes que nous, dans des pays différents. Je trouve cela important de partager notre vécu, nos expériences.

Dasos : Le projet nous permet de rencontrer de nouvelles personnes, de trois nationalités différentes. On peut partager nos problèmes, nos douleurs et nos réflexions.

Kosta : De manière générale, j’ai pu remarquer que le projet Grundtvig et les rencontres amélioraient la communication et l’expression personnelle des usagers qui y participent.

Que pensez-vous de l’accueil des personnes souffrant de troubles psychiques en France ? Quelles sont les principales différences avec la Grèce ?

Kosta : Deux points m’ont particulièrement impressionné. D’une part la présence de l’Etat, qui subventionne et prend soin de l’aspect social sur différents niveaux, là où en Grèce c’est la Communauté Européenne qui prend cet aspect en charge à 85%. D’autre part, vous avez en France la volonté d’intervenir très rapidement auprès des personnes à la rue, de donner une réponse immédiate à leurs besoins quand ils sont en situation de crise. Nous n’avons pas cela en Grèce. Cependant, nous avons quelques projets pilotes en santé mentale, notamment la création d'une équipe de repérage de la population de sans-abri.

Dasos : En France, il y a moins de différences entre les personnes accueillies dans les structures : les sans-abris et les personnes ayant des troubles psychiques sont mélangés, par exemple. Il y a de la mixité dans les structures, un esprit de solidarité.

Kosta : C’est vrai. En France, l’approche est similaire pour tous, mais cela est du la plupart du temps à la réalité de terrain : les sans-abri ont souvent des troubles psychiques. En Grèce, les structures sont ultra spécialisées, dans la santé mentale, l’addiction…

Une structure comme la pension de famille Julien Lacroix accueille tous types de personnes. La division entre les problématiques rencontrées chez les personnes accueillies est artificielle et n’est bénéfique pour personne.  
 

Jean-Michel Stassen, directeur de l’association Article 23, à Liège, et Emilie, bénéficiaire

Depuis combien de temps participez-vous au projet Grundtvig ?

Jean-Michel : Nous avons participé au premier, de 2009 à 2011, car la thématique du rôle de l’insertion professionnelle dans l’accès à la citoyenneté des personnes accueillies concernait directement l’action de notre association. Nous avons poursuivi notre participation avec cette thématique de l’expression de la parole des personnes accueillies.

Quels bénéfices un projet comme celui-ci apporte-t-il aux personnes accueillies ?

Jean-Michel : Les personnes souffrant de troubles psychiques ont souvent été privées de leurs droits à la participation, et ne savent même plus comment ça marche. Plus ils participent, plus ils se sentent acteurs, et cette dynamique est très thérapeutique : le projet Grundtvig est là aussi pour ça. Un autre intérêt de ce projet est que pour une fois, les apprenants sont des usagers, alors que d’habitude, ce sont des professionnels. Le projet Grundtvig permet aussi de se poser la question de l’autoreprésentation des personnes accueillies, et de la manière dont elles utilisent ce droit.

Enfin, nous avons avancé sur des problèmes concrets grâce aux rencontres transnationales et aux échanges de pratiques professionnelles : je pense notamment à un dispositif comme « Un chez soi d’abord » piloté entre autres par Aurore. Nous avons un projet similaire en Belgique, sur lequel nous travaillons actuellement.

Sur un plan personnel, que vous apportent ces rencontres transnationales ?

Emilie : Je suis allée aux dernières rencontres, à Genève, en février dernier. Ces deux rencontres m’ont permis de voir la différence avec la Belgique, surtout au niveau des mentalités. En Suisse, les gens sont plus froids, méfiants vis-à-vis des personnes en situation de troubles psychiques. Ces quatre jours ont été l’occasion d’échanger en toute convivialité avec les autres. Et aussi de visiter Paris !  

Cette 2e rencontre transnationale des partenaires européens Grundtvig "Rien pour nous sans nous" a encore permis d’échanger et de faire avancer la place de l’expression citoyenne des personnes accueillies. Prochain rendez-vous à Liège du 8 au 11 octobre 2013.

 

* Le centre de stabilisation Pierre Petit - structure d’urgence qui héberge des personnes très précaires ayant vécu à la rue pendant plusieurs années-, la pension de famille Julien Lacroix qui accueille des ménages en situation d’exclusion, le LOGIS - foyer adressé aux personnes traumatisées crâniennes et cérébrolésées, et le dispositif  "Un Chez-soi d'abord", coordonné par Aurore et l'EPS Maison-Blanche

ZOOM SUR LES PARTENAIRES ASSOCIATIFS 

La Fondation Trajets a rejoint le projet Grundtvig en 2012. Elle accueille 150 personnes souffrant de troubles psychiques, hébergées en résidences ou en appartements diffus, qui bénéficient d’un accompagnement psychosocial. Tous les résidents ont une activité professionnelle ou de loisirs d’au minimum 12h par semaine, afin de les aider à prendre leur place dans la société. 

Pepsaee est une association grecque qui s’occupe de la réhabilitation psychosociale des personnes en situation de troubles psychiques. Pepsaee donne une grande importance à l’insertion professionnelle, et gère le seul centre pour l’emploi des personnes souffrant de ces troubles en Grèce. Les 70 résidents accueillis par Pepsaee participent également à diverses activités culturelles et de loisirs pour développer leur expression personnelle. Les usagers ont créé leur propre association d'auto-représentation pour défendre leurs droits et agir comme acteurs. 

Article 23 est une association liégeoise fondée il y a 25 ans pour créer une alternative à l’hospitalisation psychiatrique des personnes souffrant de troubles psychiques. Son nom vient de l’article 23 de la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme, selon lequel toute personne a droit au travail. Article 23 cherche à améliorer la participation citoyenne des usagers de la santé mentale dans le domaine de l’économie, par l’insertion par le travail et par la fourniture de biens et de services. 

REVERS est une association d'insertion des usagers de la santé mentale par la culture. Revers travaille en partenariat étroit avec Article 23 dans le réseau liégeois.

Mots clefs associés : Colloque    Un chez soi d'abord   
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